LE MARCHÉ COMMENCE À S’AUTO-ASSAINIR
La référence au prix du m2 devient moins pertinente. Par rapport à l’été 2007, les prix ont baissé de 15%D’origine suisse, la holding MC Groupe Connexion, spécialisée dans la gestion du patrimoine, est implantée au Maroc depuis 2004 avec une forte activité à Marrakech. Dans cet entretien, son directeur général, Bernard Charrière, analyse l’évolution du marché dans le premier pôle touristique du Maroc. La folie des prix n’est pas éternelle, prévient-il. Sur certains types de produits, la baisse est sensible.
La compétition se joue aujourd’hui sur d’autres facteurs que le prix du mètre carré. Par ailleurs, la mode des riads a vécu. - L’Economiste: Il se dit que Marrakech enregistre un tassement de la demande, voire la mévente sur certains segments.
Qu’observez-vous sur le marché?- Bernard Charrière: Oui, cela se vérifie dans les faits, mais la situation est très différente d’un segment à l’autre. Pour l’immobilier social et économique, la hausse est toujours présente, malgré la nouvelle procédure d’achat anti-spéculation. Sur le haut standing, la situation est en revanche très contrastée.
L’offre s’est étoffée et la qualité a évolué dans la bonne direction. La demande, quant à elle, est plus faible, en raison du contexte économique mondial, du recul du pouvoir d’achat en France (premier pays pourvoyeur de la clientèle) et de la concurrence accrue d’autres destinations internationales comme Dubaï, Croatie, Turquie et, même, la Floride. La baisse est réelle, elle est en moyenne de 15% sur les prix de l’été 2007. Mais certains programmes neufs aux belles finitions, avec un bon business model, gardent des prix stables, voire en augmentation.
Les petites surfaces du centre-ville sont toujours très demandées et les prix se tiennent autour des 18-20.000 dirhams le m²- Nombre d’experts sont persuadés que les prix du mètre carré sont allés très haut sans toujours refléter la réalité intrinsèque des produits…- Tout à fait, beaucoup de promoteurs se sont engouffrés sur cet «eldorado» au détriment de la qualité. Il y a quelques mois encore, certains petits promoteurs d’immeubles au centre-ville de Marrakech refusaient même de vendre afin de spéculer à la hausse.
Le marché est en train de s’assainir et la référence du prix au m² devient moins importante puisqu’il faut de plus en plus comparer des biens comparables en standing, en services offerts, dont la qualité du syndic également. Le potentiel de revenus locatifs remet les prix à leur juste niveau. Alors qu’un petit appartement au centre-ville avec piscine se revend autour de 18-21.000 dirhams le m2, le rendement sera entre 5 et 7% net annuellement. Un appartement plus grand, dans une résidence sans services et sans syndic de qualité, aura de la peine à trouver preneur à 14.000 dirhams le mètre carré pour un rendement plus faible et non assuré.Propos recueillis par Abashi SHAMAMBA